Aboubakar Cissé, victime de trop du laboratoire islamophobe

Last Updated: 4 mai 2025

Alors que la France reste sous le choc après le meurtre d’Aboubakar Cissé, le traitement judiciaire, politique et sociétal de cet assassinat à connotation islamophobe met en lumière de profondes incohérences : de l’évolution laborieuse de l’enquête à la question d’une saisine antiterroriste, jusqu’à la réalité violente d’une islamophobie trop souvent banalisée.

L’évolution de l’enquête

La procureure de Nîmes a ouvert le 28 avril 2025 une information judiciaire pour « meurtre aggravé en raison de la religion », sans pour autant qualifier l’acte de terroriste ni saisir le parquet national antiterroriste (PNAT).

Le dimanche 27 avril au soir, Olivier Hache a été interpellé à Pistoia, en Toscane, après avoir contacté la police locale, et a reconnu les faits dès le lendemain, tout en niant avoir agi par haine de l’islam, malgré une vidéo le montrant proférer des insultes de nature islamophobe. Déni peu crédible au mépris de faits têtus indiquant une préméditation sans équivoque.

Pertinence d’une saisine du parquet national antiterroriste

L’article 421-1 du Code pénal définit l’acte de terrorisme comme toute « entreprise… ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

 

Condition juridique Faits qualifiables de terrorisme
Violence grave et intentionnelle Près de 40 coups de couteau portés à un fidèle vulnérable.
But de troubler l’ordre public Attaque perpétrée dans un lieu de culte musulman, instance symbolique d’une communauté visée.
Mobile idéologique/religieux Insultes islamophobes proférées avant, pendant et après l’attaque.
Préméditation Entrée armée dans la mosquée, choix délibéré du lieu, enregistrement vidéo destiné à la diffusion.
Dimension publicitaire Vidéo tournée sur place avec smartphone, témoignant d’une volonté d’impact médiatique et d’intimidation.

Faute de saisine du PNAT, l’enquête se prive d’une expertise spécialisée pour une qualification qui paraît pourtant incontournable à la vue de la gravité et de la nature des faits.

Islamophobie : de la théorie à l’acte

Dissimuler la reconnaissance de l’islamophobie sous couvert de « simple débat sémantique » revient à nier qu’il s’agit d’une conduite consciente, articulée en actes, opinions, attitudes et politiques visant un groupe de personnes – et non une doctrine abstraite. Loin d’être un exercice d’ijtihād (interprétation religieuse), il s’agit d’un véritable jihad anti-musulman, dont le but politique est de réduire la présence publique d’une communauté.

**Volonté politique :** si l’on se réfère au corpus religieux lui-même et à la doctrine islamique, l’islamophobie emprunte – et détourne – certains préceptes de purification et de combat pour les diriger contre les croyants, non pas pour critiquer des textes, mais pour supprimer les personnes qui en sont porteuses.L’islamophobie n’a pas seulement critiqué Aboubakar Cissé : elle l’a exécuté sur son tapis de prière, transformant la violence verbale en violence meurtrière.

Rétrospective des actes islamophobes en 2025

  • Incendie volontaire de la mosquée de Jargeau (Loiret) dans la nuit du 25 au 26 février, à trois jours du Ramadan, détruisant complètement le lieu de culte géré par l’association franco-turque.
  • Vandalisme à la mosquée de Maurepas (Rennes) : enchaînement du portail et fracturation de la porte des femmes les 25 et 26 février, avec vol des fonds destinés à l’entretien de la salle de prière.
  • Tags injurieux sur la mosquée de Jargeau (« Félon ») le 7 février, signe d’un crescendo depuis plusieurs semaines.
  • Attaque incendiaire d’une mosquée à Orléans début mars, où un cocktail Molotov a gravement endommagé la salle de prière, sans faire de victimes mais semant la terreur.
  • Assassinat de Aboubakar Cissé : dans une mosquée

Cette «  double mort »,  révèle l’impérieuse nécessité de reconnaître l’islamophobie pour ce qu’elle est : une entreprise raciste, dont la qualification judiciaire doit rendre compte de son élément le plus évident : un crime et non une opinion.

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