Émois feutrés et tartufferies tardives : la dissimulation de la barbarie islamophobe
Les 24 et 25 avril 2025, deux attaques sanglantes ont endeuillé la France. D’abord, la veille, Justin P., 16 ans, inspiré par l’idéologie nazie et les mouvances identitaires, a assassiné Lorène, 15 ans, dans son’enceinte du lycée de Nantes, avant de blesser trois camarades et de laisser des symboles racistes. Puis, le 25 avril, la mosquée Khadidja de La Grand-Combe (Gard) a été le théâtre d’un assassinat prémédité : Aboubakar, 23 ans, a succombé à plus de quarante coups de couteau portés par Olivier Hache, qui a filmé son geste et proféré des insultes blasphématoires (« ton Dieu de merde ») avant de fuir.
Émois feutrés dans la classe politique
Il a fallu attendre trois jours pour qu’un message officiel de « compassion, solidarité et mobilisation » soit adressé par le ministre de l’Intérieur, Bruno Rotailleau, tandis que le préfet du Gard ne s’est pas déplacé sur les lieux. Le Premier ministre François Bayrou, sans doute en raison de sa sensibilité religieuse, a, en revanche, réagi rapidement en dénonçant cette « ignominie islamophobe » et en appelant à la plus grande fermeté.
Tardives tartufferies des éditorialistes
Les premiers articles ont mis en avant l’« origine bosnienne » d’Olivier Hache, sans mentionner ses racines romes ni ses invectives antimusulmanes. Certains ont réduit l’affaire à un différend « entre fidèles » ou à un trouble psychique isolé, occultant la préméditation idéologique. À Nantes également, l’accent a d’abord été mis sur l’internement psychiatrique de Justin P., retardant la reconnaissance de son acte comme un crime de haine.
Blocage de la qualification terroriste
Au lieu d’engager immédiatement la qualification d’acte terroriste à dimension islamophobe — appliquable de plein droit selon l’article 122‑1 du Code pénal, qui écarte toute abolition du discernement sans expertise psychiatrique préalable —, les autorités ont conditionné cette reconnaissance à des expertises qui n’ont jamais été ordonnées. Rien ne justifiait de différer la qualification d’un meurtre filmé à des fins de propagande antimusulmane en tant qu’acte terroriste.
Mobilisation citoyenne
Le 27 avril, sous l’égide de La France insoumise, une manifestation place de la République a réuni citoyens et élus de gauche pour exiger la reconnaissance sans équivoque du caractère raciste et islamophobe de ces deux drames.
En jouant la carte du conflit psychologique ou du fait divers, responsables politiques et médiatiques ont pratiqué une censure douce, minimisant la barbarie ciblée et diluant la responsabilité idéologique des auteurs. Ce déni de réalité risque de banaliser l’islamophobie et d’affaiblir la mobilisation nécessaire pour la combattre.
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